Le pouvoir du yoga dans la lutte contre le Syndrome de Stress Post Traumatique (SSPT)
Un chemin vers la guérison
Si le yoga vous a déjà fait pleurer sur votre tapis de yoga, cette lettre est spécialement pour vous :
Je me permets de partager une expérience très personnelle : les débuts de mon parcours avec le yoga, une période où les larmes étaient mon quotidien durant chaque séance. Cet aveu n’est pas facile.
À travers ces moments de larmes, le yoga m’a guidé vers une guérison inattendue et une transformation profonde.
Pendant longtemps, j’ai souffert de crises de panique, d’anxiété, de dépression et d’insomnie sans vraiment comprendre ce qui m’arrivait. Je ne savais pas que j’avais un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Tout a changé quand un médecin attentionné m’a diagnostiqué et m’a suggéré d’essayer le yoga. Elle s’inquiétait pour ma santé physique fragile et pensait que l’aspect méditatif du yoga me serait bénéfique.
J’avais déjà pensé au yoga, mais jamais sérieusement jusqu’à ce que ce soit recommandé comme une sorte de prescription.
Intégrer le yoga dans ma routine quotidienne a été un moment clef dans ma vie. Au début, c’était difficile : mon esprit était agité, je me sentais souvent faible et j’avais beaucoup de vertiges, mais les moments de calme que j’y trouvais étaient incroyablement réconfortants. Cela m’a motivé à pratiquer régulièrement, parfois même deux fois par jour.
La première fois que j’ai pleuré pendant une séance, j’étais gênée et j’avais peur de ce que ces larmes signifiaient.
Que penseraient les autres personnes dans le cours ? Est-ce que je vais perdre le contrôle sur moi-même et être submergée par ce tsunami d’émotions ? J’étais vraiment mal à l’aise.
Pourtant, cette émotion était une sorte de libération, un soulagement après des années de tension accumulée.
Le yoga m’a donné un sentiment de liberté contre le chaos intérieur que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.
Désormais, j’ai pleuré sur mon tapis pendant deux ans à peu près. Je me demandais si ça allait terminer un jour ou pas.
Avec le temps, pleurer sur mon tapis est devenu moins fréquent, jusqu’à ce que ça s’arrête complètement.
C’était comme si j’avais vidé tout ce que j’avais à vider.
Une consigne pour vous : Pleurez autant que possible.
Quand le tsunami d’émotions commence à émerger, cela peut être effrayant. Trop souvent, c’est précisément cette vague d’émotions que l’on cherche à fuir. Mais cela ne fonctionne pas. Essayer de fuir les émotions autour des événements désagréables ne fait que les dévier, les enterrer temporairement. On peut essayer de les noyer dans les substances, ce qui peut créer des addictions. Ou bien, on les enfouit dans son corps, dans sa psyché, mais elles finissent par contrôler sa vie et éventuellement s’exprimer en tant que maladie dans le corps. Plus on fait face à ses émotions rapidement et on les évacue de son corps (sans les projeter sur quelqu’un d’autre), plus on sera libéré de l’emprise de l’histoire qui a créé le traumatisme. Alors, pleurez autant que possible, jusqu’à ce que vous ayez vidé tout ce que vous avez à vider.
Aux enseignants de yoga, votre rôle est crucial. Si vous accueillez dans vos cours une ou plusieurs personnes traumatisées, il est probable que vous viviez des moments où les élèves versent des larmes. Comment gérer la situation ? Première chose, pas de panique. Gardez l’espace ouvert à cette possibilité et restez stable en vous. Il n’y a rien de particulier à faire, si ce n’est reconnaître que la personne est en train de se libérer d’un fardeau intérieur. C’est une bonne chose. Si jamais cela devient trop intense, si cela perturbe trop les autres, vous pouvez inviter la personne à s’absenter, sans la faire sentir rejetée, juste pour qu’elle puisse évacuer ses émotions avec moins de gêne. Si l’émotion est trop forte, peut-être que la personne devrait quitter la séance pour rentrer chez elle. C’est OK. La prochaine fois que vous la verrez, vous pouvez simplement vérifier que tout va bien (pas de manière absolue, mais spécifiquement concernant l’événement du dernier cours). Si la personne est restée pendant le cours, vous pouvez lui adresser un sourire ou un regard de compassion, lui toucher l’épaule, juste pour lui signaler que vous avez vu ses larmes.
Mais évitez de rentrer dans son histoire. Ce n’est pas approprié.
Votre patience et votre empathie peuvent changer la vie de ceux qui luttent pour se reconstruire.
Il y a de l’espoir
Partager mon histoire, c’est plus qu’un récit personnel ; c’est un message d’espoir pour ceux qui se sentent perdus à cause de leur traumatisme.
Le yoga n’a pas seulement renforcé mon corps, il m’a guidé vers une renaissance émotionnelle et mentale, me permettant de retrouver la vie–ma vie–et je souhaite la même chose pour vous.
Mira Jamadi
Crédits photos (Cliff Booth)